La fin du racket du bois rose en Afrique de l’Ouest annoncée aujourd’hui
Washington, DC – L’Agence d’investigation environnementale (EIA) salue l’annonce faite aujourd’hui de suspendre immédiatement le commerce international de l’espèce de bois rose, Pterocarpus erinaceus en provenance d’Afrique de l’Ouest dans le cadre de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Cette décision historique d’interdire le commerce de ce qui est devenu le produit de rente de la faune et de la flore sauvages le plus trafiqué au monde s’applique aux 16 pays sources, dont les principaux exportateurs actuels, la Sierra Leone, le Ghana, la Gambie et le Mali.
La suspension restera en vigueur jusqu’à ce que les pays puissent prouver de manière crédible au Secrétariat de la CITES et aux présidents du Comité permanent et du Comité pour les plantes que le commerce sera légal et durable à travers respectivement l’acquisition légale et aux avis de commerce non préjudiciables. La décision est contraignante pour les 184 États membres de la Convention, y compris les pays importateurs comme la Chine, qui ne pourront plus accepter des cargaisons de Pterocarpus erinaceus illégal.
Raphaël Edou, responsable du programme Afrique pour les campagnes forestières de l’EIA, a déclaré : “Il s’agit d’une étape historique pour la Convention, ce qui montre comment la communauté internationale peut répondre efficacement au crime organisé en mettant fin à l’un des plus grands systèmes de trafic illégal d’espèces sauvages au monde. C’est également une victoire très importante pour les pays d’Afrique de l’Ouest, qui se sont courageusement avancés pour demander l’aide internationale dans leurs efforts pour mettre fin à la destruction de leurs forêts.” Ces pays sont notamment le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Niger, le Sénégal et la Sierra Leone.
La crise du bois rose a dévasté les forêts et les populations d’Afrique de l’Ouest pendant près d’une décennie. Les enquêtes de l’EIA au Nigeria, Ghana, Guinée-Bissau, la Gambie et le Mali, ont montré comment le commerce illégal et non durable de Pterocarpus erinaceus a persisté malgré son inscription à l’annexe II de la CITES, qui est entrée en vigueur le 2 janvier 2017. Les recherches ont montré que la plupart, voire la totalité du commerce de Pterocarpus erinaceus de l’Afrique de l’Ouest vers l’Asie a eu lieu en violation de la Convention. D’après l’analyse de l’EIA faite en avril 2022, plus de 3 millions de tonnes de bois rose d’une valeur de plus de 2 milliards de dollars US avaient été commercialisées illégalement entre l’Afrique de l’Ouest et la Chine sur une période de cinq ans.
La suspension du commerce international de Pterocarpus erinaceus en provenance du Nigeria, mise en œuvre par les pays asiatiques, et en particulier la Chine, depuis octobre 2018, a démontré un impact très significatif sur le niveau du commerce illégal, et a donné aux populations décimées une chance de se rétablir. L’EIA espère voir la même mise en œuvre effective de cette décision dans le cadre de la Convention qui s’applique désormais à tous les pays d’Afrique de l’Ouest.